Pierre Guillermin. Géomatique et transversalité. Des cartes pour tous.
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Travailler pour le Parc naturel régional du Marais poitevin
Pierre Guillermin, Géomatique, transversalité. Des cartes pour tous.
Pierre, originaire des Hautes-Alpes,est arrivé au Parc naturel régional du Marais poitevin en 2002 avec comme mission de cartographier les habitats naturels. Géographe de formation, il est depuis le géomaticien (géographe-informaticien) du Parc. Ce qui compte le plus pour Pierre, c’est d’être utile, de répondre à des besoins, de travailler avec tout le monde. C’est concret : « Mon but, c’est que mon travail serve ». Son quotidien consiste à traiter les informations spatiales, produire des chiffres et faire des cartes : « je m’intéresse à la question du «où». Où est localisée telle espèce, quelles sont les parcelles à enjeux, combien avons-nous de surfaces en prairie dans ce communal, etc.». Selon Pierre, le but d’une carte est de simplifier des notions ou enjeux complexes. Il nous partage d’ailleurs avec plaisir sa passion pour les cartes, un métier qui demande de la rigueur, mais pas seulement. En entrant dans son bureau, des cartes remplissent les murs : une carte ancienne, un poster avec une image satellite…, le ton est donné.
DES COMPÉTENCES SPÉCIFIQUES, QUI SE PARTAGENT EN TRANSVERSALITÉ
Derrière la carte s’organise un grand nombre d’informations. En un clin d’œil, elle donne accès à une compréhension du sujet, du territoire. Pour Pierre, l’objectif au cœur de la démarche cartographique est de simplifier la réalité, aider à comprendre avec, forcément, toujours un parti pris : « On ne sait pas qui va la lire donc la carte doit simplifier, faire comprendre des choses parfois compliquées. On découpe ça en thématiques, on essaie de le rendre accessible à tout le monde ».
« Pas un geek dans son garage ». Chaque jour, il orchestre les différentes actions du géomaticien : il administre les données, les collecte, les corrige si nécessaire, supprime celles qui sont obsolètes, rajoute des légendes, qualifie et renseigne les informations et produit des cartes, extrait des informations chiffrées selon les besoins. Un travail de fond et de fourmi pour lequel les chargés de mission du Parc apportent aussi leur contribution. Le géomaticien n’est pas pour autant un « geek dans son garage ». Pierre est le trait d’union entre différentes missions du Parc. Il doit comprendre les besoins et missions de ses collègues, les aider à définir leurs besoins pour créer des cartes, extraire des données voire même imaginer des cartes dynamiques au travers de SIG web, pour les autonomiser et leur faciliter le travail.
Une vision à 360° des actions du Parc. Pierre apporte son savoir-faire tout étant à l’écoute et en décryptant les besoins. Pierre a une vision 360 degrés des actions du Parc. Il connaît les enjeux et interactions entre les différentes missions sur le territoire. Il doit comprendre et parler les différents langages avec la naturaliste, la paysagiste, la personne en charge du tourisme ou de l’éducation : « Je ne suis pas qu’un porte crayon, chacun apporte sa compétence et c’est ça qui est intéressant aussi dans le travail cartographique ». Ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de se sentir utile : « les actions qu’on mène ça a du sens pour le territoire ».
LA CARTE, CE GRAND RASSEMBLIER
Aussi, une notion importante de la donnée cartographie, c’est le temps long, nous explique Pierre. Il apprécie d’ailleurs particulièrement le travail qui est fait sur l’Observatoire du patrimoine naturel du Marais poitevin. C’est un peu son fil rouge. Il suit ce projet depuis 2004 et avec des lots de données très anciens. En somme, de nombreuses années d’observation qui continuent d’être compilées encore aujourd’hui.
La carte rassemble. Pierre se remémore un souvenir marquant au début de sa mission au Parc , lorsqu’il s’occupait de réaliser des cartes d’occupation du sol. Les réunions étaient parfois vives car Natura 2000 était un outil nouveau. Mais au moment où Pierre sortait sa carte au milieu de la table, en demandant aux participants de contribuer et localiser des parcelles, le ton changeait. En réalité, ils participaient volontiers : « la carte rassemble, je ne m’y attendais pas. C’était amusant de constater qu’un bout de papier puisse faire changer l’humeur des gens, les faire discuter ensemble et permette de travailler ensemble en trouvant des solutions collectives ».
De la même manière, les outils type Geonature ou autres outils web, permettent de rendre évident ce qui était invisible, d’une façon plus simplifiée, de montrer la richesse des données que nous détenons. Les cartes de la médiathèque du Parc en ligne sont aussi disponibles à tous sur Internet. Encore une manière de mettre la carte et les données entre les mains de tous et toutes.
AUX MANETTES DE LA CARTE, L’OUTIL LE PLUS STRATÉGIQUE DU MONDE
En somme, le SIG est un dispositif d’observation territorial, indispensable à la mise en œuvre du suivi des actions du Parc mais aussi un outil d’aide à la décision. Pour Pierre, la carte la plus stratégique, c’est le Plan de Parc. Et pour cause, la réalisation de cette carte est une étape incontournable et nécessaire pour obtenir le label Parc naturel régional. Il la réalise collectivement avec tous ses collègues : « cette carte n’existe que si on se met tous d’accord, elle est le symbole de notre travail en transversalité ».
Le SIG sert aussi à évaluer les actions, selon les indicateurs choisis, par exemple est-ce qu’on a gagné ou perdu des surfaces en prairies ? Combien dénombre-t-on de loutres dans le Parc ? Il permet d’exporter des données chiffrées pour, à la fois, suivre et mesurer les actions, mais également d’évaluer si les objectifs sont atteints. C’est un outil d’observation, d’évaluation et d’aide à la décision.
Derrière les cartes il y a beaucoup de stratégie, ce n’est pas seulement de la visualisation de données. Les cartes portent un message. Avant, on disait que les cartes servaient à faire la guerre. Et maintenant, elles jouent un rôle important dans l’équilibre entre développement local et préservation de la nature et le bien vivre ensemble. Et pourvu que les murs du bureau soient encore plus remplis de cartes porteuses d’espoirs, de projets et d’ambitions partagées pour le territoire.
Aller plus loin
Lire notre action « Le système d’information géographique au service du Parc du Marais poitevin »